Polémique autour de l’affectation du Général Kandé en Inde: Le Colonel Abdoulaye Aziz Ndao refait les rangs
Colonel Ndao a été consulté par nos confrères de Tfm sur l’affectation du Général Souleymane Kandé ex-chef d’Etat-major de l’armée de terre, comme Attaché-militaire du Sénégal en Inde. Une mutation qui aurait révulsé le concerné, selon une certaine presse qui a commenté cette péripétie comme une sanction.
« Le statut d’Attaché-militaire n’est ni humiliant, ni rabaissant, mais peut faire naître un complexe chez l’intéressé. Mais le décret envoyant Kandé en Inde est légal et est conforme à la loi militaire », avance Abdoulaye Aziz Ndao, seul militaire à avoir été deux fois Attaché-militaire du Sénégal, en Guinée et puis en Italie. Ce dernier apportait des éclairages sur la nouvelle mission assignée au prédécesseur de Maguette Ndiaye actuel chef d’Etat major de l’armée de terre…
Qui peut être Attaché-militaire ?
Quand dans un pays, explique Colonel Abdoulaye Aziz Ndao, « nous avons une coopération militaire, à l’ambassade, il y a un officier qui dirige ce qu’on appelle une mission militaire. Un officier supérieur ou un officier général peut être un attaché militaire. On fait souvent une confusion. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que dans l’armée chaque grade peut occuper une fonction. Les commandants, les officiers, les colonels, ont des fonctions à occuper. Mais souvent les colonels et les généraux peuvent occuper les mêmes fonctions. Parce qu’il n’y a pas de grandes différences. Il y a un décret qui prévoit déjà qui peut être Attaché-militaire. Maintenant, dans la valorisation des fonctions, c’est normal qu’on nomme un général comme un Attaché-militaire. Il n’y a aucune illégalité. L’aide de camp de Abdoulaye Wade Bara Cissoko a été nommé Attaché-militaire du Sénégal aux Etats-Unis. Même s’il n’avait pas pris fonction. C’est pour dire que sur ce plan, il n’y a pas un problème d’égalité. Parce que c’est le président qui nomme aux emplois civils et militaires. Rien n’empêche aujourd’hui au président Diomaye de prendre un colonel et de le nommer chef d’Etat major des armées. Exemple : Idrissa Fall a été colonel nommé chef d’Etat major des armées. » Donc sur le cas concernant Souleymane Kandé, d’Après Abdoulaye Aziz Ndao, « il n’y a aucune illégalité, alors ni humiliation encore moins une sanction. Et Kandé ne peut pas attaquer cette décision à la cour suprême. Ce n’est même pas la peine d’essayer. Le décret est légal. Il est conforme aux lois militaires. »
Quid de son statut de Cemat et chef des forces spéciales ?
Pour étayer la lanterne du profane, Abdoulaye Aziz Ndao décèle d’abord une erreur du prédécesseur du président Bassirou Diomaye Faye. Pour lui, « il y a malaise dans le cumul des deux titres : on ne peut être chef d’Etat major des armées de terre et chef des forces spéciales. Nous avons une organisation militaire reposant sur l’équilibre. Depuis 1962, le Sénégal n’a jamais eu un militaire à qui on a conféré une autorité sur toute l’armée. Sauf qu’un commandant de la gendarmerie qui est le seul militaire qui a un commandement national. » Ici, poursuit-il, « le Chef d’Etat major des armées (Souleymane) kandé a un commandement organique. Les commandements territoriaux donnent des ordres de guerre. Eux seuls ont le droit de conduire des actions de guerre. Les autres administrent, forment, équipent et guident l’armée. C’est cela leur rôle. Et l’erreur de Macky Sall est de prendre quelqu’un qui a un commandement organique et de lui conférer un commandement national. C’est ce qui s’est passé avec Kandé dont le rôle est de préparer l’armée de terre à répondre aux missions qui peuvent lui être conférées. Donc il y a problème. Pour les forces spéciales, seul le président de la République les commande. »
L’équivoque dans cette affaire…
Dans cette affaire, l’ancien attaché militaire du Sénégal en Italie y décèle des équivoques. « Il y a trop de bruits autour de cette affaire parce qu’il y a des manœuvres de déstabilisation du pays. On ne peut pas tout dire. Le Sénégal a changé de gouvernement par la volonté du peuple. Le pays regorge de pétrole et de ressources minières. Le gouvernement actuel est en train de poser des actes. Nous avons des ennemis et d’autres forces qui ne correspondent pas à nos normes. Des forces méconnues ont sorti des articles qu’elles attribuent à Confidentiel Afrique. Un article qui a relaté que le premier ministre Ousmane Sonko voudrait changer des accords militaires. Et Kandé lui oppose son désaccord. Déjà c’est faux. D’ailleurs les responsables de Confidentiel Afrique l’ont démenti. Cela veut dire qu’il y a des forces qui tentent de déstabiliser le pays. Dans l’armée, chacun a ses responsabilités. Kandé n’est pas la voix de l’armée. Il a des chefs comme le Cemga ou le ministre des Forces armées . Peut-être dans ce cas, le colonel chargé des affaires juridiques de l’armée et des études générales de l’armées pouvait peut-être dire non à Sonko. Où peut être le Cemga. Mais ce n’est pas la responsabilité d’un chef d’Etat major des armées de terre, comme Kandé. S’il l’a fait, c’est de l’indiscipline notoire. »
Kandé ne peut pas ne pas obtempérer…
Le Général de brigade Souleymane Kandé est Chef d’état-major de l’armée de terre sénégalaise depuis octobre 2022 et a été promu coordonnateur des Opérations spéciales, le 15 juin de la même année. Aujourd’hui, il est remplacé dans ses fonctions premières par Maguette Ndiaye et est assigné à assurer la mission d’attaché militaire à New Delhi. Dans ce nouveau rôle, il semble ne pas avoir le choix d’obtempérer devant la décision du Gouvernement du Sénégal. « Il est obligé », à en croire à Abdoul Aziz Ndao qui rappelle avoir « occupé des fonctions plus hautes que celles de Kandé. Qu’on vous nomme Attaché-militaire peut ne pas vous plaire. C’est personnel. Moi à l’époque ça ne m’a pas plu. Mais je n’avais pas le choix. » Il n’y a rien d’humiliant alors. Surtout qu’un Attaché-militaire a un rang de ministre conseillé avec des avantages. Mais « c’est complexant », reconnait Ndao qui ressasse son passé à Rome : « quand j’étais Attaché-militaire en Italie, pratiquement j’étais complexé. J’étais un des rares colonels Attaché-militaire. Tous les Attachés-militaires sont des généraux. Mais un président de la République a besoin de faire valoir ses capacités d’affectation, ses capacités de manœuvres. Ce sont ses prérogatives. Il peut prendre un colonel et le nommer Chef d’état-major. Rien ne s’y oppose. » Exemple : « Quand on me nommait haut commandant de la gendarmerie, il y avait par exemple quatre colonels de la gendarmerie plus anciens que moi. Je ne pouvais pas les commander. L’Etat les a nommés Attaché-militaires, pour que je puisse exercer sereinement mes fonctions. Le nouveau Chef d’état-major était à l’inspection des forces générales de l’armée. Il a été le premier général devenu inspecteur des armées. Il avait remplacé un colonel. Il faut se départir de son égo dans ces cas. Moi, les deux fois qu’on me nommait Attaché-militaire, je n’étais pas content. Ça arrive. Mais c’est une manière de valoriser des postes. La première fois, j’étais l’Officier chargé de mener l’enquête dans l’affaire « Le Joola. » quand j’ai terminé l’enquête, l’armée n’était pas contente. Ainsi j’ai été relevé de mes fonctions de DIRCEL », a-t-il illustré pour convaincre qu’« il n’y a pas de sanction. Un militaire doit accepter les décisions de l’Etat. Lui quand on l’a nommé Général, est ce que tout le monde était content. Il y a des Généraux plus méritants que lui, peut être. Est-ce qu’ils ont démissionné ? Non. Maintenant le pouvoir politique, c’est le pouvoir politique. C’est lui qui a l’autorité sur l’armée.»
Ameth Seck