Tabaski 2024 :Défilé de clients chez tailleurs et vendeurs de tissus !

Tabaski 2024 :Défilé de clients chez tailleurs et vendeurs de tissus !

C’est la période de la bonne traite chez les tailleurs et vendeurs de tissus, à l’approche de la fête de la Tabaski. Commerçants et ateliers de coutures sont pris d’assaut par la clientèle. Celle-ci  est déterminée à marquer le jour. Une situation parfois intenable chez certains couturiers qui peinent à respecter les délais fixés.

La fête de la Tabaski ou Aïd-el-Kébir se profile à l’horizon. Si d’aucuns sont hantés par l’achat du mouton de sacrifice, d’autres par contre, en l’occurrence les femmes sont préoccupées par leur habillement du soir, une tradition chez nous. Chacune veut avoir la plus belle tenue. Il est donc nécessaire d’assurer sur le choix du tissu et avoir le meilleur tailleur sous son aile. Ce qui peut devenir un véritable casse-tête pour les couturiers et les commerçants. Qui ne manquent t pas de se frotter les mains. Certains d’entre eux rencontrés ont bien voulu nous en dire un peu plus.

Installé aux HLM Grand Médine, Elhadj Ndiaye tailleur de profession est au taquet à quelques jours de la fête. Dans son atelier, des sachets de tissus déposés çà et là ornent le décor. Alors que la Tabaski approche à grands pas, le jeune homme et ses quatre apprentis s’activent pour la livraison à temps de leurs commandes. Chez le maître des lieux, la couture, c’est à la fois, l’art de se faire de l’argent, mais surtout le respect des délais impartis avec un travail bien fait. Il a adopté cette philosophie depuis son jeune âge, puisqu’il a très tôt abandonné les études pour embrasser une carrière de tailleur. Au rythme d’une musique très forte, répond le bruit des machines à coudre qui rend difficile toute tentative de dialogue. L’ambiance est festive dans l’atelier d’Elhadj Ndiaye. Dans un coin, le plus jeune des apprentis s’affairent autour du thé avec tous les ingrédients (cacahouète, pain et autres). Il faut rappeler que certains clients sont présents pour prendre leurs mesures et donner leurs modèles. Selon Mr Ndiaye, le maître mot est le travail. « Nous vivons un calvaire, à l’approche de la Tabaski. Parce que nos clients ne nous comprennent pas. Ce sont généralement les femmes qui viennent pour se plaindre. Les commandes sont nombreuses et il faut les livrer avant ou au moins le jour de la fête. La tâche est toujours compliquée pour les tailleurs. Mais il faut faire avec. Nous avons choisi un métier et il faut en assumer les conséquences. Nous allons travailler dur pour satisfaire la clientèle ».

Pour son sa part, le couturier Abdoulaye Diarra nous raconte son calvaire de l’année passée. En effet, dit-il, une dame l’avait menacé de le trainer en Justice car il n’avait pas respecté sa part du contrat. « L’année dernière, une dame a menacé de porter plainte, parce que je n’avais pas fini de coudre ses habits et ceux de ses enfants. J’ai vécu une situation très difficile, car elle ne cessait de se plaindre. C’était ma cliente de longue date. Lorsqu’elle vient pour récupérer ses habits, tout le marché est au courant. Et pourtant, elle me doit jusqu’à présent de l’argent’’, raconte le natif de Sangalkam qui ne veut pas revivre ce ‘’ calvaire ». Cette année, Abdoulaye Diarra a pris la sage décision de ne prendre qu’une petite commande, afin de pouvoir la livrer dans les délais. Il jure que « personne ne viendra plus se plaindre » à son atelier.

En face de son atelier se trouve celui de Demba Sy. Ici également les choses s’accélèrent, car Tabaski approche à grands pas. Contrairement à Abdoulaye Diarra, la tâche de Demba Sy  est beaucoup plus compliquée, dans la mesure où son apprentie est tombée malade depuis plusieurs jours. Il a déjà cousu une partie de sa commande. En revanche, le stock qui l’attend est beaucoup plus conséquent. « Vous voyez, je suis seul dans mon atelier. Le garçon qui m’aide est tombé malade et je risque de ne pas terminer le stock qui me reste avant la fête de la Tabaski. J’ai peur, parce que j’ai accepté les avances de mes clients. Et donc, je vais me donner les moyens de terminer tout ce stock avant le jour J, pour faire plaisir à mes fidèles clients », essaie-t-il de se rassurer.

Trouvé dans son atelier situé au marché Dior, Djim Ndiaye  invite tout simplement les clients à la patience, surtout les femmes. « Elles nous mènent très souvent la vie dur. C’est comme si on leur devait des millions. Parfois, on leur réclame juste 30 ou 45 000 F CFA y compris les frais de broderie. Ce sont des sommes raisonnables. Les tailleurs font de leur mieux pour les habiller le jour de la Tabaski. Mais elles refusent de faire preuve de compréhension. Certaines reprennent leurs tissus à quelques jours de l’événement. Nous faisons un travail artistique et cela demande beaucoup de temps. Donc, je leur demande d’être patientes », préconise Djim Ndiaye. De l’avis du jeune tailleur, le Sénégalais aime toujours faire la course contre la montre. Une thèse immédiatement réfutée par Mme Diouf venue s’enquérir de l’état d’avancement de sa commande.

« Nous sommes dans une société malade. Certains tailleurs sont de vrais truands. Je ne suis pas d’accord quand il dit que les Sénégalais n’ont pas l’habitude de s’y prendre tôt, afin d’avoir à temps leurs habits de fête. Même s’ils savent qu’ils ne vont pas finir de coudre avant la fête, ils acceptent les avances des clients. C’est pour cette raison que certains ne font pas preuve de tolérance. Comme ils aiment l’argent, il faut qu’ils prennent leurs responsabilités et les dispositions nécessaires pour tout confectionner à temps », réplique Mme Diouf, la trentaine. Elle renseigne qu’elle doit disposer de ses habits et ceux de ses enfants le jour J. « les femmes doivent se faire belle le jour de la tabaski.  Donc, il appartient aux tailleurs de les aider et de tout faire pour livrer la marchandise à temps. », Déclare-t-elle, un sourire aux lèvres.

Parallèlement aux tailleurs, les vendeurs de tissu aussi se frottent les mains en cette période festif. L’un d’eux nous confirme que les tissus se vendent actuellement comme de petit pain.

Abdoulaye Diouf, il se nomme, ce jeune vendeur de tissu au marché Dior des Parcelles Assainies, soutient que la clientèle ne se fait pas rare. Debout au milieu de sa marchandise entourée par ses clients, la majeure partie des femmes, l’on constate que la vente se passe bien pour lui. « En tout cas nous vendons bien nos tissus car les clients sont là jusqu’à la nuit. Nous avons des tissus de tout genre, avec des prix qui défient toute concurrence. Le seul problème que j’ai c’est la fatigue, je suis ici depuis une semaine. », Confie-t-il.

Amadeus

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