Rencontres d’Aix-en-Provence : Macky Sall plaide pour des réformes financières internationales en faveur de l’Afrique…
Du 5 au 7 juillet, la France abrite la 24e édition des Rencontres d’Aix-en-Provence. Un événement auquel participe l’ancien chef de l’État du Sénégal. Lors d’une interview exclusive accordée à La Tribune, l’ancien président sénégalais Macky Sall, désormais envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P), a partagé sa vision du développement pour l’Afrique, en insistant sur l’importance des partenariats économiques et d’une réforme de l’architecture financière internationale.
Macky Sall a abordé la question de la réduction de l’aide publique au développement (APD) de 800 millions d’euros par la France, annoncée au printemps dernier, et a mis en lumière l’inefficacité de cette approche traditionnelle pour le développement de l’Afrique. « L’aide publique au développement n’a pas donné les résultats escomptés et ne peut pas être la réponse attendue par les Africains pour le développement. Nous parlons plutôt aujourd’hui de partenariats et d’accès aux marchés des capitaux dans des conditions soutenables, » a-t-il affirmé.
Pour l’ancien numéro 1 sénégalais, l’enjeu est de permettre à l’Afrique d’accéder aux marchés financiers internationaux sans être pénalisée par des perceptions de risques exagérées, qui entraînent des coûts prohibitifs pour les pays en développement. « Ce qu’elle demande, c’est de pouvoir avoir accès à ces marchés, avec des conditions qui ne soient pas handicapées par le système de notation sur la perception des risques, » a-t-il déclaré. Il a précisé que malgré les énormes ressources naturelles du continent, l’accès aux capitaux reste un défi majeur pour le développement économique.
La création du Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P) a émergé comme une initiative opportune pour repenser les mécanismes de financement du développement. Lancé lors du sommet de Paris en 2023 sous l’égide du président Emmanuel Macron, ce pacte réunit 32 pays déterminés à « apporter une réponse collective, de repenser le multilatéralisme, qu’il soit plus inclusif, plus latéral et plus transparent. »
Selon Macky Sall, le 4P vise à réformer les institutions financières internationales, héritées du consensus de Bretton Woods, pour mieux intégrer les préoccupations des pays du Sud global, incluant les pays africains, asiatiques et latino-américains. « Il faut que les institutions issues du consensus de Bretton Woods tiennent compte de la présence des nouveaux arrivants : les pays africains, asiatiques, d’Amérique latine, qui sont du Sud global comme on dit. Il faut qu’on tienne compte de leurs préoccupations dans le financement de leur développement, dans la transition climatique, » a-t-il précisé.
Bien que des avancées aient été réalisées, telles que l’admission de l’Afrique au G20 et l’obtention d’un troisième siège au conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI), l’envoyé spécial des 4P estime que ces efforts sont encore « timides » et insuffisants pour répondre aux vastes besoins du continent africain. « Les besoins sont tels, pour ceux qui veulent assurer le développement d’un vaste continent, de 30 millions de kilomètres carrés, d’un milliard quatre cent millions d’habitants, qu’il ne faut pas régler ces besoins avec l’aide publique au développement. Il faut donc des solutions innovantes que l’on doit inventer ensemble, » a-t-il déclaré.
Macky Sall a, par ailleurs, rappelé l’objectif du 4P : créer des plateformes de dialogue pour développer des solutions nouvelles et inclusives pour le développement durable de l’Afrique. Avec cette initiative, il espère que l’Afrique ne sera plus seulement vue comme un réservoir de ressources naturelles, mais comme un acteur économique majeur à part entière.