Financer sa carrière de haut niveau en Afrique, la débrouille au quotidien

Financer sa carrière de haut niveau en Afrique, la débrouille au quotidien

Les athlètes arrivent actuellement à Paris pour l’ouverture des JO. Mais avant d’en arriver là, les athlètes se sont entraînés durement pendant plusieurs années. Des parcours de vie chaotiques en dehors des clous habituels et qui ont un coût. Sur le continent africain, dans la plupart des pays, il n’existe pas réellement de modèle économique pour le financement des carrières des sportifs de haut niveau. Pour beaucoup, c’est donc la débrouille.

Le Tchadien Israël Madaye a passé la dernière année dans un centre d’entraînement de Lausanne en Suisse. Une préparation des JO financée par une bourse du Comité international olympique. « Pour arriver là, c’est difficile, assure-t-il. C’est grâce à cette bourse-là que je m’entraîne librement. Dans la bourse, le centre nous paie notre logement, l’assurance maladie et aussi le coach. Le centre aussi m’aide beaucoup. J’utilise leur salle pour m’entraîner, etc ».

Il regrette cependant de ne pas recevoir plus de soutien de son pays. « Depuis ma qualification, je n’ai pas eu de prime. Je dirais même que mes frais de déplacement n’ont même pas été encore remboursés. Pour quelqu’un qui veut prendre part aux Jeux olympiques, c’est difficile », regrette l’athlète, surtout lorsqu’on réussit à représenter son pays au plus haut niveau. « Quand vous voyez l’hymne national retentir et vous soulevez le drapeau. Quand vous battez déjà des grandes nations. Personne ne croyait en nous. Quand vous arrivez comme ça, le minimum au moins, c’est d’encourager cela, d’encourager les athlètes à bien préparer les JO. Mais rien n’est fait », décrit-il de manière un peu découragée.

Beaucoup d’incertitudes

Israël Madaye est champion d’Afrique de tir à l’arc. Pourtant, aujourd’hui, impossible de financer ses besoins d’athlète. Même les plus basiques comme son matériel. « Quand je suis arrivé ici [à Lauzanne], le matériel était vraiment de petite taille, donc il a fallu changer le matériel. J’ai été obligé de voir avec le centre. Comme ils avaient signé une convention avec Wiawis, marque que tout le monde utilise, c’est grâce à cela que j’ai eu le matériel », note-t-il encore.

Mais pour les Jeux, ce sont deux arcs qui sont nécessaires. Un coût total estimé à 12 000 euros. Impossible à financer avec sa bourse. « Et il faut dire que le matériel appartient au centre. Si en partant, le centre dit : »Israël, tu nous laisses le matériel », je suis obligé de le laisser. Ça ne m’appartient pas », s’inquiète-t-il. 

À Lausanne, il s’entraîne aux côtés de la Guinéenne Fatoumata Sylla. Elle aussi dispose de cette bourse « solidarité olympique », qui est loin de couvrir l’intégralité des frais. Aussi les deux athlètes mettent-ils régulièrement en commun leurs efforts. « Par exemple, quand on a besoin de quelque chose, il donne un peu, moi aussi, je donne un peu, nous raconte-t-elle. Il y a des petits matériels comme des plumes, des palettes… quand ça se gâte, pour ne pas demander à chaque fois au centre parce qu’il fait déjà beaucoup pour nous, on se débrouille en mettant nos moyens en commun ».

Aujourd’hui financièrement, la jeune athlète n’a que très peu d’option. Elle regrette le peu de transparence de certains processus et s’interroge même sur la possibilité de trouver des sponsors. « En fait, je ne sais même pas comment ça se passe. Il y a beaucoup d’entreprises, mais souvent, elles reçoivent les présidents de fédération. Mais vous les athlètes, vous ne pouvez pas bénéficier de ça. C’est ça aussi en Afrique », soupire-t-elle. Les Jeux marqueront la fin de leur bourse. Tous deux partagent leurs incertitudes sur les moyens de financer la suite de leur carrière.

Amadeus

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