Présidentielle aux États-Unis: au coude-à-coude avec Donald Trump, Kamala Harris doit mobiliser sa base
À trois semaines du vote du 5 novembre, les sondages sont toujours aussi serrés, mais plusieurs enquêtes révèlent les difficultés de Kamala Harris. Selon ce sondage révélé par la chaîne de télévision NBC, la candidate démocrate est au coude-à-coude avec son adversaire républicain, l’ancien président Donald Trump avec un soutien de 48 % des électeurs enregistrés. Soit une baisse de cinq points sur un mois.
La dynamique engrangée par la vice-présidente sortante démocrate, Kamala Harris, durant l’été semble s’essouffler. « C’est vrai que quand elle était devenue candidate, quand elle avait présenté son colistier, quand il y avait eu la Convention démocrate, elle avait bénéficié d’un léger, mais réel effet. Donc, elle était repassée légèrement devant Donald Trump, alors que Joe Biden était très légèrement derrière lui. Il y avait eu un mouvement, mais qui n’est pas non plus massif », constate Mathieu Gallard, directeur d’études à l’institut de sondage Ipsos, au micro de Daniel Vallot du service international.
« Là, ce qu’on voit, c’est que les choses tendent à se resserrer. Même si, quand vous regardez les différents sondages, Kamala Haris est toujours en tête au niveau national. Mais en tête de 1,2, ou 3 points. Ce qui n’est pas forcément suffisant pour qu’elle puisse être élue présidente des États-Unis », poursuit-il.
Dimanche, la vice-présidente de 59 ans avait choisi la Caroline du Nord, au sud-est du pays. Cet État, remporté pour la dernière fois en 2008 par un démocrate, vient d’être sinistré par l’ouragan Hélène. En meeting à Greenville, elle a attaqué son rival en lui reprochant un manque de transparence sur son état de santé et de refuser d’avoir un second débat avec elle.
Séduire l’électorat noir
Kamala Harris a aussi tenté de séduire l’électorat noir ce lundi 14 octobre à Érié, en Pennsylvanie, tout en lançant une mise en garde plus générale contre la rhétorique aux accents de plus en plus autoritaires de Donald Trump, lui aussi en campagne dans l’État clé de la Pennsylvanie. Elle a diffusé des extraits d’une intervention de Donald Trump, qui a encore élevé d’un cran sa rhétorique antimigrants, accusant dimanche le gouvernement Biden/Harris d’avoir « importé une armée de clandestins » venus « des cachots du monde entier » lors d’un évènement en Arizona.
Il a aussi affirmé que « la Garde nationale » voire des « militaires » devraient être appelés contre « l’ennemi de l’intérieur » aux États-Unis, « des personnes folles, des tarés d’extrême gauche ». « C’est l’une des raisons pour lesquelles je pense aussi fortement qu’un second mandat de Trump serait un énorme risque pour l’Amérique, ce serait très dangereux », a déclaré Kamala Harris lundi. Au même moment, son rival républicain répondait rapidement à une question d’électeur dans la ville d’Oaks sur ses mesures pour contrer l’inflation, avant de se concentrer sur son thème de prédilection, la sécurité à la frontière.
L’ancienne procureure de Californie a ainsi déroulé lors de son meeting une série de propositions présentées plus tôt par son équipe et censées bénéficier directement aux hommes afro-américains. Ce programme vise à les aider à lancer leur petite entreprise ou un commerce, notamment grâce à des prêts avantageux, mais contient aussi des aides à la formation et à l’apprentissage, ainsi qu’un système d’accession favorisée au métiers de l’éducation.
Jeudi dernier, l’ex-président Barack Obama avait tancé ses « frères » noirs, selon lui réticents à élire une femme pour la première fois dans l’histoire américaine. Donald Trump s’est réjoui lundi en Pennsylvanie de sondages qui ont « crevé le plafond » grâce à l’électorat noir et hispanique. « J’adore ça. »
Donald Trump parvient à marquer des points en flattant sa base électorale, analyse Mathieu Gallard, le directeur d’études à l’institut de sondage Ipsos. « Il semblerait que Donald Trump parvienne grâce à une campagne qui est toujours sur des thèmes extrêmement identitaires, notamment liée à son opposition viscérale à l’immigration, à mobiliser très fortement la base électorale des républicains. »
L’engouement qui s’était créé chez les démocrates, en tout cas dans une partie de l’électorat démocrate suite à la nomination de Kamala Harris, tend à se résorber. Kamala Harris a du mal à maintenir cet engouement sur la distance. Un enjeu extrêmement important.« Aux États-Unis, pour remporter une élection présidentielle, ce qui compte, ce n’est pas tant de finalement convaincre les électeurs indécis. Il y en a tout simplement très peu. Mais ce qu’il faut, c’est mobiliser son camp, et c’est là-dessus que ça va se jouer. Lequel des deux candidats parviendra le mieux à mobiliser sa base électorale ? C’est ce qui va compter. »
En tout cas, l’issue du scrutin est plus incertaine que jamais, les deux adversaires étant au coude-à-coude avec un écart semblant encore se resserrer.
RFI