La posture souverainiste de Donald Trump séduit certains leaders africains

La posture souverainiste de Donald Trump séduit certains leaders africains

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche suscite à la fois des craintes et des espoirs sur le continent africain. Son discours souverainiste et son approche transactionnelle des relations internationales séduit certains dirigeants africains, malgré ses ambiguïtés,

Donald Trump ne le cache pas : il admire les hommes forts. En 2019, il n’avait pas hésité à présenter le général égyptien Al-Sissi comme son « dictateur préféré ». À l’époque, la présence de l’autocrate au sommet du G7 à Biarritz avait pourtant suscité une levée de boucliers des défenseurs des droits de l’homme, fustigeant la répression à l’œuvre dans son pays.

Mais Donald Trump n’en a cure. Il se veut un chantre du non-interventionniste. Et promet de ne pas conditionner ses relations avec ses homologues au respect des droits de l’homme ou de la bonne gouvernance. « Cette approche suscite des espoirs chez certains dirigeants autoritaires ou en mal de légitimité démocratique sur le continent africain », explique Christopher Isike, chercheur à l’Université de Pretoria. Des pays, qui espèrent pouvoir accroître leur coopération sur le plan économique, « sans avoir de comptes à rendre sur leur politique intérieure », poursuit le chercheur.

Le discours souverainiste de Donald Trump pourrait également trouver un écho favorable au Sahel, où un nombre croissant de dirigeants revendique le droit de diversifier leurs partenariats militaires et économiques, et la fin des politiques paternalistes.

Menaces de représailles
Mais cette approche n’est pas sans ambiguïtés. Le protectionnisme prôné par le président américain n’est pas sans risque. En décembre 2024, il a menacé les Brics de leur fermer les portes du marché américain s’ils tentaient de s’émanciper du dollar. « Nous exigeons que ces pays s’engagent à ne pas créer une nouvelle monnaie Brics, ni à soutenir une autre monnaie pour remplacer le puissant dollar américain, sinon ils seront confrontés à des droits de douane de 100% », a-t-il déclaré.

Lors de son premier mandat, Donald Trump avait menacé de représailles certains pays tentés de voter contre ses intérêts lors des sommets internationaux.

Tout cela fait craindre à certains une politique du « avec moi, ou contre moi », un chantage dont pâtiraient, par exemple, les pays qui ont récemment témoigné leur soutien à des concurrents américains tels que la Chine ou la Russie, ou qui ont émis des critiques à l’égard d’Israël, comme c’est le cas des Sud-Africains. Le souverainisme des uns s’arrêterait-il là où débutent les intérêts américains ?

Croissance au lieu de l’assistance
Le « Project 2025 » du think tank ultraconservateur Heritage Foundation, considéré comme la feuille de route du second mandat de Trump, suggère d’aborder le continent africain sous le prisme de la croissance et non de l’assistance. Là encore, le discours séduit certains : « Je me réjouis de travailler avec vous pour le bénéfice commun de nos deux pays dans les années à venir », a déclaré Paul Kagame après la victoire de Trump.

Mais cette vision n’est pas sans risque. Au cours de son premier mandat, Donald Trump a principalement abordé le continent africain en homme d’affaires en délaissant le multilatéralisme au profit d’accords bilatéraux avec des pays à même de sécuriser ses intérêts stratégiques : lui fournir du pétrole, des minerais, ou contrer l’influence chinoise, véritable boussole de Donald Trump s’agissant de sa stratégie en Afrique.

Parallèlement, il avait tenté des coupes dans les budgets alloués à l’aide au développement. À l’époque, le Congrès américain s’y était opposé, mais cette tendance pourrait s’accentuer.

Les craintes sud-africaines avec le retour de Donald Trump
Les décideurs publics sud-africains ont avant tout en tête la question de l’Agoa, cet accord qui permet au continent africain dans son ensemble d’exporter certains produits sans droit de douane, explique notre correspondante à Johannesburg, Claire Bargelès. L’Afrique du Sud fait partie de ceux qui bénéficient le plus de ce programme préférentiel, en particulier ses secteurs de l’automobile, des produits chimiques, ainsi que certains produits agricoles comme les agrumes ou le vin.

Ces dernières années, une partie du camp républicain réclamait l’exclusion de Pretoria de ce programme, en raison de ses relations avec la Russie, la Chine et l’Iran, et de ses prises de positions contre Israël, jugés contraires aux intérêts américains. Donald Trump pourrait bien écouter ces appels, d’ici au renouvellement de l’accord en septembre prochain, alors qu’il brandit une politique protectionniste. De plus, ses prises de position contre la Chine pourraient aussi avoir des conséquences indirectes sur l’économie sud-africaine, puisque Pékin reste le premier partenaire commercial de Pretoria, juste devant Washington.

Enfin, l’Afrique du Sud, fortement touchée par l’épidémie de VIH, est aussi inquiète quant au financement du programme Pepfar, qui soutient la lutte contre le virus depuis 2003.

Le président Cyril Ramaphosa n’a pas été invité à l’investiture aujourd’hui, mais il a convié son homologue américain à venir jouer au golf, en novembre 2025, en marge du sommet du G20 qui sera organisé à Johannesburg.

RFI

Petit Ba

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