La mémoire de l’Ucad brûlée: Le silence complice des acteurs politiques
Les autorités universitaires ont procédé à une visite des lieux impactés lors des manifestations du jeudi 1er juin 2023. Le Recteur, Pr Ahmadou Aly Mbaye, a été accompagné du Directeur du COUD, du Sg de l’UCAD, des chefs d’établissement et des Directeurs centraux du rectorat. Cette visite a permis de mesurer l’ampleur des dégâts causés sur les campus pédagogique et social. La question qui mérite d’être posée est celle-Ci : pourquoi les acteurs politiques observent-ils un mutisme sur cette affaire extrêmement grave ?
Jamais de mémoire de Sénégalais, on a vu des manifestants brûler le campus pédagogique jusqu’ à incendier les archives de l’Université Cheikh Anta Diop.
Quelle énormité.
Au Campus pédagogique, les six facultés sur les lieux ont toutes subi des dommages. A la faculté des Lettres et Sciences Humaines comme en Fac médecine, les archives qui datent de plusieurs décennies ont été incendiées. C’est la mémoire de ces deux facultés qui part ainsi en fumée. A la Faculté des Sciences Juridiques et Politique, c’est le chapiteau moderne de 3 000 places qui a été réduit en cendre. Du côté des écoles et instituts, c’est le CESTI qui a subi le plus de préjudices. La salle au rez-de-chaussée du nouveau bâtiment, ainsi que la case-foyer ont été incendiées. L’EBAD non plus n’a pas échappé aux saccages. Au campus social, la Direction du COUD a été calcinée y compris le bureau du Directeur et celui de l’ACP. Le cyber Sinkou a également été incendié. Le tout sans compter les vitres cassées presque partout à l’université (Ucad II, pavillon, IPMS, centre médico-social…)
Matériel roulant réduit en cendres
Dans les deux campus, le matériel roulant a été réduit presque à néant. Plus de 30 véhicules ont été calcinés au campus pédagogique dont une vingtaine de bus et minibus ; le restant étant des véhicules de particuliers. Au campus social, 8 minibus de transport du personnel et une dizaine de véhicules particuliers sont partis en flamme. Les dégâts sont donc gigantesques et il faudra beaucoup de temps et de ressources pour remettre l’université en norme.
C’est un véritable désastre. Ce qui nous conduit à égrener un chapelet d’interrogations : en procédant ainsi, quel est l’objectif visé par les manifestants ? Ces derniers mesurent-ils la gravité de leurs actes ? Sont-ils réellement des étudiants ? N’ ya –t-il pas infiltration d’éléments mal intentionnés ? A-t-on le droit de s’attaquer au temple du savoir de la sorte ?
Dans tous les cas, les consciences s’interrogent et continueront de se poser moult questions. Ce qui s’est passé à l’ Ucad dépasse l’entendement et est inaceptable. Le fait à noter est que les principaux acteurs politiques notamment ceux de l’opposition ont brillé par leur omerta. On s’attendait à ce qu’ils condamnent fortement ces « actes de banditisme ». C’était de leur devoir de se lever contre ces comportements aux antipodes de la morale républicaine. Même s’ils sont des adversaires de l’actuel régime, la décence voudrait qu’ils condamnent avec la plus grande énergie ces casses et ces incendies à l’Ucad. En observant une « neutralité », assimilable à une complicité dans cette situation, ne sont-ils pas en train de cautionner une pratique étrangère à l’exercice de la Démocratie ? Ce pays nous appartient tous. Personne n’a intérêt qu’il brûle. Certains acteurs ont même tenté de justifier cette pyromanie.
Comble d’hypocrisie
C’est ce qui a fait monter l’adrénaline du côté du Professeur de philosophie, Alassane Kitane qui laisse transparaître son ressenti : « Celui qui justifie la pyromanie, qui légitime le vol et le pillage des magasins d’autrui ou du bien public, celui-là est le véritable responsable de toutes ces atrocités sur nos enfants. Celui qui brûle les écoles et universités prépare des monstres pour dévorer la paix et la vie des Sénégalais. L’ignorance est la mère de tous les maux, et l’histoire a montré qu’à chaque fois que les monstres voulaient imposer leur sinistre vision du monde ». Suffisant pour interpeller ces acteurs politiques qui souhaitent que notre pays navigue dans une mare de troubles. Pour le ministre de l’enseignement supérieur, Moussa Baldé : « Quand un étudiant saccage la direction et l’administration du COUD, les bus qui transportent le personnel, les bureaux des professeurs, les amphithéâtres ça veut dire que celui-là, a décidé que ses études sont terminées. Pour cela, des enquêtes seront faites et on verra quelle suite donner à cela ».Selon lui, « l’université sera résiliente et va continuer parce que l’on n’imagine pas le Sénégal sans ses universités ».De toutes façons, la sécurité des Sénégalais et leurs biens incombe au Président Macky Sall. Ce dernier y veille avec l’assistance de ses collaborateurs. Il y va de l’avenir , voire de la crédibilité du Sénégal qui entame une nouvelle ère : celle du pétrole et du gaz. MRD