Augmentation des salaires dans le privé : Accord entre le patronat et les syndicats
A l’instar des agents de l’Administration, les travailleurs du secteur privé bénéficieront d’une revalorisation de leurs salaires. Le patronat et les syndicats des travailleurs sont tombés d’accord pour que la mesure entre en vigueur en juillet 2023. A condition que tous les préalables aient été accomplis.
Au moment où les politiciens de tous bords s’apprêtaient à embraser le pays pour quelques jours, les membres du secteur privé -employeurs comme travailleurs- trouvaient des points d’entente pour apaiser le monde du travail, et en ajouter à la paix sociale. C’est ainsi qu’à la suite d’une rencontre, tenue sous l’égide du directeur du Travail et de la sécurité sociale, Karim Cissé, et de ses plus proches collaborateurs, les organisations patronales les plus importantes, le Conseil national du patronat (Cnp) et la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes) ont signé un procès-verbal de conciliation avec les 4 centrales syndicales les plus représentatives du pays, à savoir la Cnts, la Cnts/Fc, la Csa et l’Unsas.
Il s’agissait de mettre définitivement un terme à la menace de grève générale agitée par les organisations syndicales. En contrepartie, les deux parties s’accordaient sur une augmentation généralisée des salaires dans le secteur privé.
Ces accords portent notamment sur une hausse de 11% du Smig horaire, qui devra passer de 333, 808 francs Cfa à 370, 526 francs Cfa. Ce qui va donner un montant global de 76 000 francs Cfa de Smig, en hausse par rapport aux 60 000 francs Cfa actuellement. Ce montant permettra au Sénégal de s’aligner sur la Côte d’Ivoire, où le Smig est du même montant, et de toiser encore plus le Bénin et le Togo dont les Smig n’atteignent pas les 55 000 francs Cfa.
Il faudra néanmoins savoir que le montant du Smig est établi par décret. Les autorités politiques du Sénégal ont voulu laisser les partenaires sociaux arriver à un accord qu’elles vont entériner après, pour éviter de donner l’impression d’imposer à tous le fait du Prince. Il n’en reste pas moins que pour que cet accord puisse entrer en vigueur, il faut que le chef de l’Etat l’impose par décret, afin qu’il puisse s’appliquer même aux non-signataires.
En plus du Smig, qui ne touche qu’une petite partie des travailleurs, il y a surtout une hausse généralisée des salaires catégoriels. Elle va de 3% pour les catégories supérieures, à 8% pour les catégories les plus faibles. Il faut dire que sur ce point, les syndicalistes ont grandement dilué leurs prétentions, parce que leurs demandes portaient sur des hausses de 30%, ce qu’ils n’ont obtenu nulle part.
Il s’agira de noter par ailleurs que les hausses portent sur les salaires catégoriels, imposables, mais ne touchent pas les sursalaires. Or, comme chacun le sait, les salaires catégoriels sont souvent bien faibles par rapport aux sursalaires. Ainsi, selon certaines branches d’activités, les sursalaires peuvent rapporter jusqu’à dix fois le salaire de base. Dans ces genres de cas, et pour ces branches d’activités, les hausses ne vont certainement pas s’appliquer.
De l’autre côté, l’accord a insisté sur le fait que les entreprises qui avaient déjà accordé des hausses avant cet accord seront dispensées d’accorder de nouvelles hausses, si les premières avaient été notifiées.
Pourront aussi bénéficier de dérogations, les secteurs et branches d’activités appliquant des bases de salaires catégoriels plus favorables que les nouvelles grilles salariales revalorisées, «à condition que des conventions ou accords collectifs aient antérieurement prévu des clauses écrites faisant prévaloir ces barèmes plus favorables sur toute augmentation généralisée ultérieure moins importante», résume le document. Qui inclut dans les dérogations, les entreprises qui déjà appliquent des grilles de salaires catégoriels plus favorables pour les travailleurs.
Cet accord sur la hausse des salaires devrait entrer en vigueur en début de juillet prochain. Mais il faudrait pour cela, que le ministre du Travail et de la sécurité sociale signe un arrêté d’extension pour imposer l’accord à toutes les entreprises, mêmes à celles qui n’ont pas été représentées aux négociations. Après cela, il faudrait s’assurer que le président de la République signe le décret imposant le nouveau Smig. Une fois cela fait, pour une plus grande publicité, les autorités devraient alors convoquer une cérémonie officielle de signature de l’accord, le rendant ainsi effectif aux yeux de tous.
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