Coopération: Le Sénégal renoue avec la confiance des bailleurs…

Le Sénégal a regagné la confiance de ses bailleurs de fonds après une période d’incertitude. Celle-ci est liée au report de l’élection présidentielle et aux spéculations sur le changement de candidat.

Ces derniers jours, les partenaires techniques et financiers attendaient avec impatience la décision du conseil constitutionnel, étant donné l’incertitude qui régnait au Sénégal depuis l’annonce du report de l’élection présidentielle du 25 février 2024 et les rumeurs de changement de candidat au sein de la majorité présidentielle. Le doute concernant la reprise du processus électoral, avec la possibilité de remplacer le candidat Amadou Ba à la primature, était préoccupant, laissant craindre une opposition entre le « Macky » et son Premier ministre.

Initiatives des partenaires financiers

Les principaux bailleurs de fonds tels que la BAD, le FMI, la Banque mondiale et l’AFD ont exprimé des réserves face à cette situation, et les cadres de ces institutions, bien implantés dans les milieux financiers sénégalais, ont pris des initiatives pour favoriser la stabilité au niveau de l’exécutif. Le patronat sénégalais a également été sollicité pour jouer un rôle de médiation afin d’apaiser les tensions au sein des syndicats, qui avaient tenté de s’impliquer dans la crise politique. Cette médiation a permis au Premier ministre de rencontrer les différents acteurs et de les rassurer quant à la continuité de sa collaboration avec le président Macky Sall.

Sur un autre registre, très sensible, les services des impôts étaient mis sur surveillance pour assurer la bonne collecte des recettes fiscales évitant ainsi qu’une fronde naisse chez des Inspecteurs des impôts accusés à tort ou à raison de rouler pour le candidat du parti Pastef dissout. 

Le maintien d’Amadou Ba à la primature, ainsi que sa confirmation en tant que candidat du Benno Bokk Yakar, ont contribué à restaurer la confiance des bailleurs, qui expriment leur préférence pour une continuité avec l’actuel Premier ministre pour assurer la stabilité économique après le mandat de Macky Sall. Avec des liens étroits avec le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, et apprécié par les dirigeants de la BAD et du FMI, Amadou Ba jouit d’une solide réputation sur les marchés financiers en raison de sa compréhension des enjeux économiques et de sa capacité à inspirer confiance depuis son passage au ministère de l’Économie et des Finances.

Il convient de souligner que les marchés financiers ont adopté une grande prudence ces derniers jours face à la situation du pays, en surveillant de près les principaux indicateurs de risque. Parallèlement, les appels à manifester ont suscité de vives inquiétudes, entraînant un net ralentissement de l’activité économique et nécessitant une réévaluation de la croissance. Du côté du ministère des Finances, une atmosphère de sérénité prévaut, car « il n’y a aucun risque sur les engagements du pays », comme l’indique un proche collaborateur du ministre, même si une baisse de la fréquentation des hôtels et une diminution du nombre d’événements ont été observées.

Rigueur de Moustapha Bâ dans la gestion des finances

Toutefois, il convient de reconnaître la rigueur avec laquelle le Ministre Moustapha BA a géré les finances, faisant preuve de prévoyance. Face aux éventuelles turbulences lors d’une année électorale, le Ministre des finances et du budget, fort de son expérience en tant que Directeur général du budget, a pleinement appréhendé la situation. Il a resserré les contrôles au niveau du trésor et mobilisé les services des impôts et de la douane pour assurer une meilleure collecte des ressources. Ces mesures ont été accompagnées d’initiatives visant à rassurer les bailleurs de fonds, ainsi que de dispositions pour garantir le service de la dette et le paiement des salaires des fonctionnaires.

Au-delà de la décision prise par le Conseil constitutionnel et de l’engagement du Président Sall à la faire exécuter, la principale préoccupation des marchés financiers et bailleurs reste aujourd’hui les chances du candidat Amadou Ba de remporter la prochaine élection présidentielle, face à des concurrents qui n’ont pas encore convaincu sur leur projet économique.

À cet égard, des cercles influents du monde des affaires au Sénégal, liés aux grands groupes, s’efforcent depuis un certain temps de rallier les principaux responsables du camp de la majorité présidentielle autour du candidat Amadou Ba. Ces acteurs avaient précédemment demandé au Président Sall de témoigner un soutien total à son Premier ministre, un geste qui contribuerait à rassurer son camp.

Alors que les concertations débutent pour mettre en œuvre la décision du Conseil constitutionnel, espérons que ce climat de « dégel » observé perdure dans la durée, et que les acteurs politiques ainsi que la société civile évitent les tensions inutiles, car c’est toute l’économie qui en souffre.