Guinée : Mamady Doumbouya dissout le gouvernement
La Guinée n’a plus de gouvernement jusqu’à nouvel ordre. Ce lundi, l’équipe gouvernementale a été dissoute, et la gestion des affaires courantes affectée aux directeurs de cabinet, aux secrétaires généraux et leurs adjoints.
C’est à travers une image d’un type auquel les populations ouest-africaines sont plus ou moins habituées depuis la multiplication des coups d’État dans la sous-région que l’Exécutif guinéen a communiqué, ce soir, aux citoyens, la dissolution du gouvernement. En effet, c’est devant un parterre d’hommes en uniforme dont certains encagoulés tous debout que le général Amara Camara, ministre Secrétaire général de la Présidence et Porte-Parole du président de la Transition, a lu le décret présidentiel annonçant la dissolution du gouvernement.
«Le gouvernement est dissous» et «la gestion des affaires courantes sera assurée par les directeurs de cabinet, les secrétaires généraux et les secrétaires généraux adjoints jusqu’à la mise en place d’un nouveau gouvernement», a déclaré le général. C’est le 18 novembre 2022 que ce gouvernement a été mis par le Premier ministre, Bernard Goumou, lui-même nommé, le 20 août 2022, après avoir assuré l’intérim de Mohamed Béavogui entre le 16 juillet 2022 et cette date.
Une dissolution sans motif connu, mais prévisible
La raison qui sous-tend la décision de Mamady Doumbouya n’a pas été indiquée. Ce qui a laissé la place à toutes sortes de questionnements au sein de la population guinéenne. Même si l’acte ne devrait pas trop surprendre l’observateur attentif de l’actualité politique du pays. Puisque la situation socio-politique en Guinée n’est pas des plus stables. En effet, depuis quelques mois, le pays fait face à des troubles sociaux et des tensions politiques qui ont même conduit le gouvernement à restreindre l’accès à Internet.
D’ailleurs, le Parlement citoyen de l’engagement civique, une organisation non gouvernementale guinéenne, avait annoncé l’organisation, ce mardi, d’un sit-in devant le siège de l’Autorité des postes et télécommunications pour exiger la levée des restrictions pesant sur Internet, ainsi que l’arrêt de la censure des médias en cours dans le pays depuis environ trois mois. Il y a quelques jours, la presse a même fait état d’un accrochage entre le Premier ministre et son ministre de la Justice au sujet du grand nombre d’enquêtes mettant en cause des fonctionnaires pour leur gestion de l’argent public. Toute chose traduisant une tension palpable au sein du gouvernement.