Fonds force covid-19-des dossiers sur la table du procureur : Les « Dage »,  agneaux de sacrifice ?

Fonds force covid-19-des dossiers sur la table du procureur : Les « Dage »,  agneaux de sacrifice ?

Depuis 2020, la covid 19 fait parler d’elle. Aucune avancée significative n’a été notée dans la gestion des dossiers par la Justice sénégalaise. Malgré plus d’un an d’investigations, l’avancement des enquêtes relatif des fonds Force Covid-19, n’avait pas été significativement communiqué au public, suscitant des interrogations quant à l’état réel des procédures. L’intervention du ministre Ousmane Diagne marque une étape potentielle dans ce dossier, qui semblait jusqu’alors en stagnation. Le nouveau régime a enclenché la bataille judiciaire. Une liste de présumés délinquants financiers est sur la table du Procureur.

Une liste des dix personnes a été envoyée au procureur de la République. Il s’agit principalement de Directeurs de L’administration Générale et de l’ Equipement  appelés communément Dage. Ce sont eux qui ont eu dans les différents ministères à gérer les Fonds Covid 19 qui leur ont été alloués. Ceux-ci ont pour noms : Santé, Développement Industriel, Jeunesse, Microfinance, Solidarité, Mines et Géologie, Développement Communautaire, Femme et Famille et Commerce entre autres…   Dans ce lot, renseigne Senegal 7,  figure Rokhaya DIAGNE, responsable du Laboratoire national de Santé publique (LNSP). Elle est épinglée pour faute de gestion. Elle est incriminée pour avoir accordé des gratuités sur des tests PCR sans y être habilitée, ce qui a causé un préjudice au Trésor public évalué à 4 274 004 FCFA. De plus, elle n’a pas fourni les pièces justificatives pour une commande de 7 595 000 FCFA passée auprès de l’IRESSEF pour le traitement d’échantillons.

 Lamine DIALLO, toujours selon Senegal 7, comptable sortant de l’établissement public de santé de niveau 1 de Kaffrine, est indexé pour défaut de production des pièces justificatives pour des dépenses liées à la COVID-19 d’un montant de 45 000 000 FCFA. Quant à Ndiamé NDIAYE, Directeur du Fonds d’Impulsion de la Microfinance, il lui est reproché une non-justification de l’utilisation de 11 191 532 FCFA des fonds Force Covid-19. Alassane DIALLO, Directeur de l’Administration générale et de l’Équipement du Ministère des Mines et de la Géologie, est accusé de faute de gestion pour avoir payé la construction d’une unité gravimétrique alors que les travaux n’ont pas été réalisés.

 Ousseynou NGOM,  du Ministère de la Santé et de l’Action sociale, est accusé de faute de gestion pour défaut de justification de dépenses pour un montant de 36 147 500 FCFA. Il lui est reproché d’avoir utilisé les mêmes pièces  pour justifier différentes dépenses, imputées à la fois sur les fonds de la caisse d’avance « aides et secours » et sur les ressources d’un compte bancaire ouvert au Crédit du Sénégal.

Ndèye Aminata LOUM NDIAYE, DAGE du Ministère du Développement industriel et des Petites et Moyennes Industries, et Moustapha DIOP, gestionnaire du compte bancaire « fonds d’appui à la petite et moyenne entreprise » ouvert à la BOA, sont visés par une information judiciaire concernant les conditions de paiement des dépenses d’acquisition de masques d’un montant de 2 500 000 000 FCFA financées par les fonds COVID-19.

 Djiby DIAKHATE, Directeur de l’Administration générale et de l’Équipement du Ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants, est accusé de faute de gestion pour défaut de justification de dépenses pour un montant de 53 233 300 FCFA.

Mouhamadou SENE, DAGE du Ministère de la Jeunesse, est accusé de surfacturation sur le prix du gel hydro-alcoolique d’un montant de 41 217 580 FCFA.

Madeleine Suzane LO, Dage du Ministère du Commerce et des Petites et Moyennes Entreprises, est accusée de surfacturation sur le prix du gel hydro-alcoolique d’un montant de 805 000 FCFA.

Aliou SOW, Dage sortant du Ministère du Développement Communautaire, de l’Équité sociale et territoriale, est accusé de surfacturation sur le prix du riz pour un montant de 2 749 927 498 FCFA. Il a justifié le prix par un tableau fourni par le Ministère du Commerce, mais la Cour des comptes a souligné que ce tableau ne remplace pas l’arrêté fixant les prix

Interrogations légitimes

Cet état des lieux fait par Sénégal 7 nous conduit à égrener un chapelet d’interrogations : ces Dages avaient-ils conscience que l’argent qu’ils manipulaient,  était destiné à lutter pour   une population en danger de mort? Qu’est-ce qui expliquait la légèreté avec laquelle ces financiers opéraient ? Se sentaient-ils assez protégés au point qu’ils ne respectaient aucune norme financière et comptable ? Pouvaient-ils faire de telles opérations sans l’aval de la hiérarchie supérieure ? Quelle est la part de responsabilité des ministres de tutelle?

En tout état de cause, les Dage n’entendent point se laisser abattre sur l’autel de la reddition des comptes. Certains même lâchent en aparté une phrase très forte : « je ne coulerai pas seul ».

La balle est maintenant dans le camp de Dame Justice qui va entendre ces présumés prédateurs, situer les responsabilités et sanctionner négativement au besoin. Au grand dam des populations qui réclament justice qui passe par une reddition des comptes en toute équité.

Amadeus

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