France: cinq ans après la mort de Steve Maia Caniço à Nantes, ouverture du procès du prévenu
Lors de la fête de la musique de 2019, Steve Maia Caniço s’était noyé dans la Loire à Nantes. Sa mort avait suscité beaucoup d’émotions et d’indignation. Cinq ans après le drame, le procès pour homicide involontaire du commissaire Grégoire Chassaing s’ouvre ce lundi 10 juin à Rennes. Le policier, actuellement en poste à Lyon, était la tête de l’intervention policière controversée qui aurait conduit à la chute mortelle du jeune animateur périscolaire de 24 ans.
Dans la nuit du 21 au 22 juin 2019, Steve Maia Caniço, 24 ans, tombe dans la Loire, suite à une opération policière controversée qui venait mettre fin à un concert au bord du fleuve. Son corps a été retrouvé un mois plus tard, à un kilomètre de là où il avait chuté.
Pour maître Cécile De Oliveira, l’avocate de la famille de Steve, la culpabilité du commissaire ne fait aucun doute : « La famille de Steve Maia Caniço attend ce procès avec, à la fois, une forme d’inquiétude liée à l’importance de cette audience, mais aussi avec le soulagement que l’affaire puisse être enfin jugée. Le commissaire Chassaing a multiplié des fautes caractérisées, notamment sur l’usage des armes et sur la dangerosité d’une action policière en bord de Loire, sur un quai non protégé par des barrières. En constituant, du fait du nombre de grenades lacrymogènes, un nuage extrêmement toxique, le commissaire Chassaing a provoqué un mouvement de panique qui a entraîné la chute dans la Loire de nombreuses personnes, dont celle de Steve Maia Caniço, poursuit-elle. Évidemment, la chronologie sera examinée d’une façon très précise et nous avons pour notre part la certitude que Steve Maia Caniço est tombé dans la Loire du fait de l’intervention policière. Le procès va concerner en partie l’examen des méthodes policières, cela permettra d’avoir, je le souhaite profondément, une réflexion sur les méthodes d’action. »
En quelques minutes, cette nuit-là, les forces de l’ordre ont utilisé 33 grenades lacrymogènes, dix grenades de désencerclement et fait usage 12 fois du lanceur de balles de défense pour déloger les « teufeurs ». Une action « inadaptée » selon l’IGPN, la police des polices.
Un « fusible idéal », selon l’avocat du commissaire
Le commissaire divisionnaire Grégoire Chassaing, responsable de la sécurité des différents sites, est le principal prévenu. Les autres personnes ou personnes morales mises en examen ou placées sous le statut de témoin assisté dans cette affaire, dont le préfet Claude d’Harcourt ou la maire socialiste de Nantes Johanna Rolland, ont toutes bénéficié d’un non-lieu.
Louis Cailliez, avocat du commissaire Chassaing, affirme, au micro de Pierre Olivier, que Steve Maia Caniço est tombé de façon accidentelle dans le fleuve : « Il est tombé indépendamment de tout facteur contributif de nature policière. Et pour cause, quelques minutes seulement avant sa chute en Loire, qui intervient précisément à 4h33 et 14 secondes, monsieur Steve Maia Caniço dormait – malheureusement profondément – à un mètre du bord du quai, dans un endroit ni éclairé, ni barriéré, et, en tout cas, loin du bunker où la soirée a dégénéré. Un témoin l’a d’ailleurs vu déraper, trébucher sur le bord du quai et tomber à l’eau à ce même endroit. »
Toujours selon l’avocat du commissaire jugé pour homicide involontaire, son client est le coupable idéal : « On a focalisé à dessein tout le rouleau compresseur judiciaire sur Grégoire Chassaing, sans doute par facilité et parce qu’il fallait bien un procès. C’est pour cette raison qu’il y a plusieurs mois, j’ai qualifié Grégoire Chassaing de fusible idéal de cette procédure, et je persiste et signe. Cette stratégie était d’autant plus facile pour le parquet et pour les juges d’instruction que la messe était dite, l’affaire était entendue. Dans ce dossier, pour une frange militante de l’opinion qui avait son avis tout fait dès le début, il y a cinq ans, sur la culpabilité du commissaire de police Chassaing et ce, sans connaître la réalité du dossier, ou en connaissant qu’une partie tronquée, partielle, dénaturée et, en tout cas, instrumentalisée par certains à d’autres fins que la recherche stricte de la vérité. »
RFI