Oignons-charbons-moutons en période de TABASKI: Quand les vendeurs écument les poches des clients…

Oignons-charbons-moutons en période de TABASKI: Quand les vendeurs écument les poches des clients…

A l’approche de la fête de Tabaski, des points de vente improvisés poussent aux abords des routes et ruelles de la banlieue dakaroise. La tabaski aussi est une fête qui profite beaucoup aux commerçants. Toute sorte de commerce marche à merveille. Même si la vente des moutons prend le dessus sur le commerce des couteaux et les matériels pour la grillade etc.

A quelques jours de « l’Aïd Ad haa », l’exposition et la vente de moutons n’est plus la chasse-gardée des éleveurs professionnels. Les foirails et autres sites traditionnels se voient concurrencés par les tentes de fortune ou huppées selon les moyens de l’opérateur. Des jeunes et moins jeunes se lancent dans ce qu’ils appellent communément « Opération Tabaski ».

Cheikh Ndour a érigé son stand au stade amitié. Près de ce temple sportif, sous des bâches remplis de moutons un peu partout, le cri des ruminants impressionne. Le jeune éleveur qui a l’habitude, à 1 ou 3 mois de chaque fête de Tabaski, de s’adonne à l’opération tabaski vit une vive passion pour lui. Cette activité, le jeune Cheikh l’a pratiquée depuis plusieurs années. Avec 10 têtes pour commencer, il augmente le nombre de ses moutons chaque année. Cheikh a aujourd’hui une centaine de moutons à écouler. Certains ruminent, d’autres couchent à terre, à l’attente des clients. Cette passion lui permet aujourd’hui, de faire des revenus. « Je le faisais par simple plaisir, mais depuis tout petit, il m’arrivait d’élever des animaux domestiques : des moutons, des lapins, et même des chèvres. Je les revendais jusqu’à 100 000 francs CFA à l’époque. Aujourd’hui c’est une activité, une source de revenus à part entier pour moi », confie-t-il.

Il est 12h. Pape Badiane somnole encore. Il a passé la nuit avec d’autres jeunes du quartier à veiller sur ses moutons. Eleveur de formation, il s’active maintenant sur la vente des moutons en période de fête. « Mes parents sont des éleveurs. J’ai donc continué ce leg et je m’épanouis là-dessus », admet-t-il. Même s’il ne prétend pas faire dans l’élevage de luxe, Pape fait observer que certains sujets sous sa bâche attirent eux-mêmes leur clientèle. « Il y a des moutons que nous préparons pendant presque un à six mois ou plus. C’est normal que ces moutons ne soient pas à la portée de toutes les bourses car leur alimentation coute chère », renseigne-t-il. De l’autre côté du point de vente, quelques tentes dressées et sous l’une d’elles, un autre profil Mbagnick Sène, charretier, assure : « J’ai confié ma charrette à un frère pour me concentrer sur « l’Opération Tabaski ». Après la fête, je reprends mon cheval et j’économise à nouveau pour l’achat d’autres petits moutons pour la prochaine fête. »

Marché de l’oignon et de la pomme de terre

Qui parle de Tabaski, s’intéresse forcément au marché de l’oignon et de la pomme de terre. En effet, cette année, le prix de l’oignon local est passé de 250 frs à 400 frs le kilogramme, pour la pomme de terre de 400 frs à 650 frs CFA à cause d’une forte tension sur ces denrées de première consommation à l’approche de la fête de la Tabaski. « Même si le marché est bien approvisionné en oignon et en pomme de terre, cela n’empêche pas que les prix sont très élevés. Pour soulager les consommateurs, l’Etat doit aider les agriculteurs d’avoir des chambres froides. De ce fait on pourra avoir suffisamment le produit et moins cher », a indiqué le commerçant Souleymane Dia établi au marché central de Diakhao dans la région de Fatick, câblé au téléphone. Les consommateurs se disent très frustrés de cette augmentation des prix de l’oignon et de la pomme de terre. L’on nous signale que les prix de ces denrées risquent de connaître encore une hausse d’ici la veille de la fête de la tabaski à cause d’une forte demande. « La cherté de ces denrées s’explique d’une part par un problème de conservation, les produits sont vite périssables et d’autre part, par le fait que des commerçants véreux ont stocké les produits dans leurs magasins pour attendre la montée des prix », révèle Souleymane. Autre commerce qui prospère en période de Tabaski, concerne l’écoulement des couteaux et barbecue. Un domaine qui marche fort à Dakar en cette veille de la fête du mouton.  Comme les éleveurs ceux qui s’y meuvent font d’importantes économies.  Ces vendeurs qui se sont installés au stade se rivalisent avec les vendeurs de mouton dans le champ des bénéfices. Objectif attiré plus de clients. Ils reçoivent à chaque fois la visite d’acheteurs à la recherche de ces instruments pour une bonne grillade le jour du sacrifice. Acheteurs et vendeurs s’affirment. Habillé d’une chemise aux manches courtes et d’un pantalon de couleur noir, Assane Ba est vendeur d’accessoires de grillades.  Et c’est au marché Dior près de la station d’essence qu’il a étalé ses marchandises. « Je vends des fourneaux, grillages, barbecue, fours etc. pour la tabaski. J’ai différentes catégories. Par exemple, le grand standing qui peut prendre un mouton entier. Il y a aussi le moyen et le plus petit. Nous en avons commandé beaucoup auprès des fabricants. Mais, la logistique pour les amener et les moyens financiers font toujours défaut. Et nous sommes à quelques jours de la tabaski », explique Assane. Les prix ne sont pas fixes. Ils diffèrent d’un vendeur à l’autre. « Nous ne fixons pas nos prix, il dépend du marchandage du client. Ils varient selon les modèles. Les grillages coutent entre 3000 et 5000 francs CFA. Le prix des barbecues varie selon la taille.  Les clients nous ont pris d’assaut, veille de fête oblige. Raison pour laquelle nous avons multiplié nos commandes », affirme-t-il. Fatou Diop une brave dame, assise devant sa marchandise exposée à la rue principale, très prisée aux Parcelles Assainies. Elle laisse entendre que «la vente des fourneaux est mon métier, en cette période. Mon grand frère fabrique et moi je vends. Je l’exerce depuis longtemps. Nous ne sommes pas comme ceux qui profitent de l’évènement pour se faire de l’argent. Jusqu’à présent, je maintiens les mêmes prix. D’habitude, la vente se déroulait bien. Les clients venaient d’un peu partout. Les clients font des vas et viens interminables », martèle Fatou.  Concernant les prix pratiqués, elle explique : « Le Grand fourneau à 800F se vend à 5000 francs, le moyen, il ‘achète 700 et le revend à trois mille francs. Celui de 20 kilos à 9000 francs et celui de 30 kilos à 13000 francs CFA. Il y a même des fourneaux à 500 francs CFA. Pour les barbecues le prix dépend de la catégorie.  Le 750 est à vingt mille, le 600 à 17 000. Les fours coutent de 40.000 à 60.000mille. Le prix des grillages aussi diffèrent selon le besoin », renseigne-t-elle.

 Au Sénégal, pour faire de la grillade, d’habitude, avoir un fourneau et un four ne suffit pas. Il faut aussi du charbon de bois. Un autre produit générateur de rentes chez les vendeurs. Moussa Diallo fait dans ce commerce. Li est un grossiste en charbon, rencontré au niveau de son point de vente, situé en face de la pharmacie du stade Léopold Sédar Senghor non loin des vendeurs de moutons. Il a expliqué qu’il est dans ce commerce de charbon depuis plusieurs années. « Ici, je vends trois types de charbon à savoir le charbon du Burkina Faso, celui du Nigeria et celui de Maradi à un prix abordable », a-t-il souligné. Par ailleurs, il a ajouté que le Prix de 100 kg de charbon qui lui provient du Burkina Faso est vendu à 8000FCFA.  Celui qui vient du Nigeria est vendu à 7500F CFA et le charbon de Maradi est cédé à 6500FCFA. « Malgré les préparatifs de la fête, jusqu’à présent, je n’ai pas encore augmenté les prix. Mais, il se peut qu’on augmente les prix tout déprendra de la forte demande », a-t-il indiqué. Selon Moussa, chaque mois, il décharge un gros camion au niveau de son site. « Je gagne beaucoup de clientèle en cette veille de fête. Et même au-delà de cette fête, je totalise beaucoup de chiffre d’affaires. Mon point de vente est connu de tous et la vente de charbon est mon activité de tous les temps », a –t-il laisser entendre. Même si la conjoncture existe, les chefs de familles font tout pour satisfaire les besoins. Cependant, les commerçants se frottent les mains. Entre mouton, oignon, pomme de terre et matériel de grillade, le charbon aussi se vend comme de petits pains à quelques jours de la Tabaski.

Ibou Diouf

Amadeus

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