CHEIKH TIDIANE DIEyE SE DÉBINE ENCORE: De quoi a-t-il peur ?

CHEIKH TIDIANE DIEyE SE DÉBINE ENCORE: De quoi a-t-il peur ?

Ce mardi après-midi, la sphère Habib Thiam, abritant le ministère de l’hydraulique et de l’assainissement, a été le théâtre d’une conférence de presse pour le moins déconcertante. Alors que l’opinion publique s’attendait à entendre le ministre Cheikh Tidiane Dièye s’exprimer sur les accusations de collusion portées contre lui par l’ex- Directeur général de l’Onas, Cheikh Dieng, ce sont des agents du ministère qui ont été envoyés pour nous entretenir des méthodes de passation de marchés et expliquer pourquoi certaines actions, jugées inappropriées, ont été réalisées. Ce fut un échange fade et confus, qui n’a fait qu’ajouter de la confusion à la confusion.

Les défenseurs du ministre ont expliqué que l’accélération des procédures de passation des marchés, dans un pays où la période de l’hivernage est connue depuis des générations, résultait d’une recommandation du conseil interministériel de mai 2024, émise sur instruction directe du Premier ministre. Pour justifier ces décisions, ils ont admis qu’à partir des observations sur le terrain et des prestations d’entreprises régulièrement retenues à l’issue d’un appel d’offres restreint, le ministre a constitué un comité composé de personnes associées aux pratiques du régime précédent pour engager une procédure d’entente directe sur les mêmes marchés avec des entreprises qu’il a soumises à l’ex-DG, Cheikh Dieng. Pire encore, ils ont reconnu que l’ONAS a engagé des entreprises sans aucun contrat formel, avec la pleine connaissance du ministre Cheikh Tidiane Dieye, ce qui constitue une violation flagrante des règles de passation des marchés publics et de bonne gestion. De plus, leur explication montre que l’instruction d’accélérer la procédure de passation des marchés n’a pas été respectée, car il est précisé que le nouveau DG, en poste depuis moins de 15 jours, est chargé de conduire la procédure d’entente directe avec deux entreprises, qui semblent déjà avoir commencé les travaux sans lien contractuel, une fois de plus. Ce spectacle rappelle étrangement les tentatives du régime de Macky Sall pour justifier les détournements de fonds Covid, où des services de l’État, mobilisés dans un hôtel de la place, s’étaient évertués à minimiser les dégâts. Même dans ce contexte, le régime sortant avait eu le courage d’envoyer son ministre porte-parole pour encadrer les agents de l’administration. Aujourd’hui encore, le Sénégal semble être otage d’une race de fonctionnaires qui s’adaptent aux caprices des régimes successifs, sans jamais perdre de leur zèle. Les agents du ministère présents au présidium ont montré que le système persiste, solidement enraciné par certains hommes de l’administration sénégalaise qui ont vu défiler plusieurs régimes. Cependant, cette parade d’hommes de paille n’innocente en rien le ministre Cheikh Tidiane Dieye, dont le silence de- vient de plus en plus assourdissant. « L’affaire ONAS », comme on la nomme désormais, est loin d’être close. Les faits sont clairs : Cheikh Dieng a été limogé après des accusations concernant l’acquisition d’un véhicule par un fournisseur et des marchés attribués sous des soupçons de surfacturation. En réponse, Cheikh Dieng n’a pas manqué d’accuser son ministre de collusion et de concussion, une contre-attaque qui a pris de court bien des Sénégalais.

une voix manquante, celle de Cheikh Tidiane Dieye


Dans ce tumulte, une voix manque cruellement : celle de Cheikh Tidiane Dièye. Connu pour son engagement en faveur de la bonne gouvernance, il se retrouve aujourd’hui au cœur d’un scandale qui ternit cette réputation. Et que dire du Premier ministre Ousmane Sonko, sous le gouvernement duquel ces accusations fusent ? Peut-il réellement ignorer les actions de son ministre, particulière- ment dans le cadre des marchés attribués en entente directe ? Pour aggraver les choses, le ministre Cheikh Diba, également cité lors de cette conférence, devra s’expliquer sur une saisine adressée à la Direction centrale des marchés publics (DCMP). Celle-ci a permis l’autorisation de deux modes de passation pour un même marché, une situation pour le moins inhabituelle qui soulève de nombreuses questions. Au final, cette affaire dépasse largement le cadre d’un seul ministre. Elle met en lumière un système où la transparence est souvent sacrifiée sur l’autel des intérêts particuliers. Il est désormais urgent qu’une commission d’enquête soit mise en place et que le procureur se saisisse de cette affaire pour en éclaircir tous les aspects. Le Sénégal, engagé dans une démarche de
« jub, jubal, jubanti », ne peut se permettre de mettre le coude sur cette histoire. Les accusations de collusion portées contre un ministre de la République ne peuvent rester sans suite, surtout à la veille de son passage devant la commission des finances dans le cadre de la loi de finances au sein d’une Assemblée nationale désormais dominée par l’opposition. Il en va de la crédibilité de l’État, et plus encore, de la confiance des citoyens envers leurs nouveaux dirigeants. Le ministre Cheikh Tidiane Dieye ne semble pas vouloir affronter Dr Cheikh Dieng qui avance sans gants vers lui.
Cheikh Tidiane Dièye défendu par ses agents
Hier encore, ces sont les agents de son ministère qui ont pris sa défense en nous entraînant dans une litanie de mesures qu’aurait prises le ministre pour remédier à des manquements attribués à Cheikh Dieng dans le cadre de l’attribution des marchés d’assainissement. Toutefois, soutiennent les techniciens du ministère (la voix de Dr Cheikh Tidiane Dieye) les analyses ultérieures des projets de contrats ont révélé l’ampleur des écarts de prix par rapport aux coûts moyens en cours. Ce qui appelle une remise en cause desdits projets de contrats pour des raisons d’intérêt général et de bonne utilisation des deniers publics. Cette sortie des agents du ministère donne-t-elle de vraies réponses aux accusations gravissimes du docteur Cheikh Dieng ? Avec ce mutisme du ministre de l’hydraulique, la « guerre des Cheikh » est loin de connaître son épilogue.
I.F

Amouradis

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