Italie: des milliers d’exploitations agricoles sous l’eau, des milliards d’euros de dégâts
Le bilan des inondations qui ont frappé le centre-Nord de l’Italie s’alourdit. On compte maintenant quatorze victimes et des dégâts estimés à plusieurs milliards d’euros par le gouverneur de la région, Stefano Bonaccini. La pluie s’est arrêtée mais les fleuves en crue continuent de menacer les habitants. Plus de 20 000 personnes ont été évacuées. La gare de Bologne, la capitale régionale, a été inondée.
La pluie s’est calmée en Émilie-Romagne mais les secours continuent d’opérer avec des renforts de pompiers, d’agents de la protection civile, et même de soldats venus de toute l’Italie.
Si on en croit les prévisions météorologiques, le pire est passé pour cette fois-ci, du moins. Mais la situation est dramatique. Vue du ciel, la région est un spectacle de désolation. Ce sont 400 routes qui sont barrées, des ponts se sont affaissés ou menacent de céder. L’autoroute a été dégagée, jeudi 18 mai, mais la circulation est encore très compliquée. Des dizaines de communes sont toujours inondées.
On ne sait pas exactement combien de maisons sont détruites, ou seulement inhabitables. L’urgence, c’est de restaurer l’électricité dans 34 000 foyers. Et personne ne sait quand les personnes qui ont été évacuées pourront rentrer chez elles. Le maire de Forlì, l’une des communes les plus touchées, a écrit sur Facebook « C’est la fin du monde ! ». Le gouverneur de la région, lui, dit que c’est comme si c’était un autre tremblement de terre. Il évoque le séisme qui, il y a 11 ans – on s’en souvient – avait fait 28 morts dans la même région.
Le sort s’acharne sur le verger de l’Italie
On dirait que le sort s’était acharné contre l’Émilie-Romagne, l’une des régions les plus riches d’Italie. Avec une industrie, une agriculture et un secteur touristique très importants dans l’économie nationale. Il y a eu d’abord deux ans de sécheresse exceptionnelle. Et là, ce mois-ci, deux épisodes de pluies diluviennes très rapprochés.
Il y a quinze jours, il est tombé l’équivalent de quatre mois de pluie en trente-six heures. Cette fois-ci, c’est l’équivalent de sept mois de pluie en à peine plus de vingt-quatre heures. Et c’est la succession de ces phénomènes extrêmes, totalement inhabituels ici, qui a créé la catastrophe. La terre est trop desséchée. Elle n’absorbe plus l’eau. Tous les fleuves de la région sont sortis de leurs lits, la mer grossie les a empêchés de se déverser.
Personne en Italie n’avait imaginé des précipitations aussi intenses. Des habitants racontent que chez eux l’eau est montée de 1,5 m en 10 minutes. D’autres qu’ils courraient dans une rue commerçante, poursuivis par un torrent de boue plus rapide qu’eux. On n’avait jamais vu ça.
Des milliards d’euros de dégâts
Difficile de prévoir un retour à la normale et le coût des dégâts causés par ces inondations. Tout dépend de la décrue des fleuves, et de ce qu’ils laisseront derrière eux. Le gouverneur de la région dit qu’il y a des milliards d’euros de dégâts. Le syndicat des agriculteurs a compté 5 000 exploitations sous l’eau.
Des ministres ont déjà promis des aides exceptionnelles, mais on en saura plus mardi 23 mai, avec une réunion spéciale du gouvernement. On est au début de la récolte horticole et de la saison touristique. Pour l’économie de l’Émilie-Romagne, il n’y avait pas pire moment.