Retraites: «échec» des discussions à Matignon, l’intersyndicale maintient sa mobilisation
Toujours opposée à la réforme des retraites, l’intersyndicale avait rendez-vous avec la Première ministre Élisabeth Borne à Matignon, mercredi 5 avril dans la matinée. La rencontre a tourné court. Constatant « un échec » avec le refus du gouvernement de retirer son texte, les leaders syndicaux maintiennent leur appel à poursuivre la contestation.
Ils étaient arrivés ensemble à l’hôtel de Matignon pour cette rencontre avec la cheffe du gouvernement. Les huit leaders syndicaux, réunis sous la même bannière et opposés à la réforme des retraites, ont bien pu s’entretenir avec Elisabeth Borne. Et à peine une heure après le début du rendez-vous, ils sont ressortis et ont annoncé d’une même voix que les positions de part et d’autre étaient inchangées.
La Première ministre n’entend pas répondre à l’appel au retrait du projet. Et l’intersyndicale, qui n’envisage pas d’autre issue que celle-ci, et ne compte pas non plus changer d’avis. L’entrevue est donc « un échec », indique-t-on dans les rangs des syndicats.
« Nous ne retournerons pas à la table des concertations comme si de rien n’était »
« Nous avons redit à la Première ministre qu’il ne saurait y avoir d’autre issue démocratique que le retrait du texte. La Première ministre a répondu qu’elle souhaitait maintenir son texte, une décision grave », a déclaré Cyril Chabanier (CFTC) au nom de l’intersyndicale sur le perron de Matignon. « C’est forcément un échec quand la Première ministre ne fait aucune ouverture sur cette discussion. (…) Nous en appelons à la sagesse du Conseil constitutionnel qui doit entendre la juste colère des travailleuses et des travailleurs » a-t-il ajouté, tout en martelant que les syndicats refusent de « tourner la page et d’ouvrir, comme le souhaite le gouvernement, d’autres séquences de concertations ».
Sur Twitter, la CTFC parle d’une « décision grave » de la part d’Élisabeth Borne. « C’est pourquoi nous ne retournerons pas à la table des concertations comme si de rien n’était et appelons encore une fois au retrait pur et simple du texte », ajoute le syndicat.
Autre responsable syndicale présente -c’était son baptême du feu- la nouvelle secrétaire générale de la CGT. Sophie Binet s’est exprimée -au micro d’Alexis Bedu du service Économie, pour mettre en garde le gouvernement : sans retrait de la réforme des retraites, pas de retour à la normale. « Depuis le début, le gouvernement a la même stratégie : il joue sur la division de l’intersyndicale. Vous l’avez vu, l’intersyndicale, elle est toujours unie, elle sera unie jusqu’au bout. Le gouvernement joue sur, soi-disant, le fatalisme, l’essoufflement ; l’essoufflement ne se fait pas. Il y a une colère qui est profonde, un refus clair de cette réforme qui ne cesse d’augmenter, il faut l’entendre. Dans cette réunion, on avait l’impression que le gouvernement était dans une réalité parallèle. Là, le message qu’on leur fait passer c’est : il faut atterrir, regarder ce qu’il se passe dans le pays, il faut regarder la colère sourde qui monte du pays, la colère qui monte des jeunes, des salariés, des grévistes qui ont perdu, pour certains grévistes, un mois de grève !
Quand on gagne 2 000 euros par mois, un mois de salaire perdu suite à une grève, ce n’est pas rien, ce n’est pour rien qu’on fait grève. L’intersyndicale, elle continue à mobiliser et à appeler à mobiliser jusqu’au retrait de cette réforme. C’est ce qu’il s’est passé avec la mobilisation contre le CPE [Contrat première embauche, NDLR] en 2006, c’est que le CPE a été retiré un mois après son adoption par 49-3. Nous, nous le disons de façon claire, on ne peut pas passer à autre chose tant que la réforme des retraites n’est pas retirée. Le gouvernement ne pourra pas gouverner le pays tant que cette réforme ne sera pas retirée, on le voit bien. »
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, dresse le même constat : « La responsabilité, la sagesse, était d’écouter la mobilisation sociale en retirant les 64 ans. Il n’en n’est rien. Nous appelons les travailleurs à rejoindre les cortèges demain », a-t-il annoncé, alors qu’une nouvelle journée de grève interprofessionnelle est annoncée pour le jeudi 6 avril.
Le leader de la CFDT Laurent Berger qui a dit s’en remettre à « la sagesse du Conseil constitutionnel » qui doit rendre sa décision le 14 avril. Les syndicats comme la gauche comptent également sur la validation par la Haute juridiction du Référendum d’initiative partagée (RIP) sur la réforme. Du côté du gouvernement, on table sur la fatigue des manifestants alors que les vacances de printemps de la première zone débutent le 8 avril.