Magal Kazu Rajab : Sérigne Fallou ou la Commémoration d’un saint érudit mouride…
Il y a des coïncidences si lourdes de significations et si riches en bienfaits de toutes sortes pour l’humanité, qu’il faut y voir un signe de la miséricorde divine. Il en est ainsi de la coïncidence qui existe entre la date anniversaire de » Al Isrâ » (Le voyage nocturne) et du » Mi’raj » (L’Ascension) et celle de la naissance de Serigne Mouhamadou Falilou MBACKE (deuxième Khalife de Serigne Touba de 1945 à 1968). Au Sénégal, en ce mois béni, le Kahzu Rajab est célébré ce 7 février en hommage à ce saint érudit mouride.
La ville de Touba va accueillir les talibés demain le 07 février 2024 pour célèbrer la naissance de Serigne Fallou Mbacké. L’événement est plus connu sous le nom de « Kazu Rajab » et c’est le deuxième grand événement qui draine le plus de monde après le Magal de Touba. Les autorités étatiques ont pris toutes les dispositions nécessaires pour la réussite de ce grand évènement religieux. En effet la réalité, ce jour a vu l’accomplissement de deux événements majeurs dans l’histoire de la religion que Dieu a choisie pour les hommes. Ce sont des miracles auxquels il a plu à Dieu de recourir pour descendre sa miséricorde sur l’humanité. En effet la tradition de la célébration du Kazu Rajab, remonte aux années 60, précisément à l’an 1963. Cette année-là, son anniversaire venu, Serigne Fallou quitta Touba quelques temps avant le coucher du soleil pour se rendre à Darou Salam son lieu de naissance, afin d’y passer la nuit en prières. Le lendemain, au sortir de sa retraite, il se rendit au domicile de Serigne Affia NIANG. L’accueil fut chaleureux et empreint de piété. On peut considérer, pour l’histoire, que le premier repas qui a alors été servi, à l’occasion d’une célébration du Kazu Rajab, a été préparé par Sokhna Asta Wâlo NIANG, la mère de Serigne Abderrahmane BOUSSO. Pour donner à l’événement un caractère festif, à la dimension de l’immense honneur que Serigne Fallou venait de faire à Serigne Affia NIANG, on servit du thé, des biscuits et autres friandises. Il faut préciser cependant que, pour cette première édition, tout se passa dans la plus stricte intimité familiale. Seuls participaient à la fête Serigne Affia NIANG, Serigne Abdou Rahman BOUSSO, Serigne Abdou Chakor. Serigne Affia Niang eut ce jour-là, le grand bonheur de recevoir, en guise de » barkélou » (objet servant à attirer la bénédiction) les habits que Serigne Fallou avait portés pendant sa nuit de prières à Darou Salam. Voici, en quelques mots, le déroulement de la toute première édition de la célébration, faite par Serigne Fallou lui-même. Trois années durant, on consacra la même formule de célébration. On l’appelait alors » ngan gui » c’est à dire réception d’un hôte de marque. Et chaque fois, c’était la même ambiance festive dans le même cadre strictement familial. A l’évidence, une telle » discrétion » de la célébration ne pouvait pas perdurer car l’événement commençait à avoir un certain retentissement parmi les disciples.
Lorsque Serigne Affia fut rappelé à Dieu après avoir vécu trois éditions du Kazu Rajab, Serigne Fallou maintint la tradition de se rendre dans sa famille chaque fois qu’il sortait de sa retraite à Darou Salam. Cette année-là, on fut obligé de dresser une tente, richement pavoisée de drapeaux, devant le domicile de la famille de Serigne Affia. L’événement avait pris une ampleur et une solennité telles qu’on déroula sous les pas de Serigne Fallou un tapis d’honneur fait de pagnes traditionnels, depuis la Route » 28 » jusqu’à la résidence de la famille NIANG. Entreprise depuis une quarantaine d’années, la célébration de cet anniversaire, auquel on a donné le nom de Kazu Rajab, a fini par prendre une ampleur telle qu’aujourd’hui, elle déborde largement des frontières nationales. Cette année, marque réellement une rupture dans le cérémonial de la célébration. Les autorités du Mouridisme commencent à participer aux festivités. A cette occasion, Serigne Fallou fut accompagné d’une délégation de dignitaires religieux avec au moins quelques 28 voitures pour recevoir les délégations des disciples. Cheikh Fallou Mbacké de son vrai nom Cheikh Mohammed Fadel Mbacké est le second fils de Cheikh Ahmadou Bamba. Sa mère Sokhna Awa Bousso appartient à une famille de grands érudits qui a donné plusieurs imams à Touba. Cheikh Fallou est né le 27 juin 1888 à Darou Salam, jour anniversaire de l’ascension du Prophète Mohammed (PSL) (27ème nuit du mois Rajab). Il était le deuxième khalife Général des Mourides.
Ibou Diouf