RDC: les impacts encore limités de la loi sur la sous-traitance
Alors qu’elle devait permettre la création d’une classe moyenne en RDC, la loi sur la sous-traitance du secteur privé a encore du chemin à faire. En trois ans, l’Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP) estimait que 50 000 entreprises à capitaux congolais devaient pouvoir obtenir des marchés. Mais 1/3 seulement ont finalement réussi à décrocher des contrats. L’ARSP a pris une nouvelle fois l’engagement au début de cette année de revoir ce chiffre à la hausse.
Gaël Mbala est le patron de la société congolaise Mon jardinier, spécialisée dans l’aménagement et la fourniture des biens et services. Malgré la mission de contrôle effectuée l’an dernier par l’autorité de régulation, il estime qu’accéder au marché de la sous-traitance est encore un mythe. « Il s’avère qu’il n’y a pas eu jusque-là d’appels d’offres publiés ni sur le site de l’ARSP, ni sur d’autres sites, assure-t-il. Il faut accompagner cette ambition avec beaucoup d’actions sur le terrain afin que nous, Congolais, puissions en tirer profit. »
Golive Camping est une autre entreprise congolaise spécialisée dans le service de restauration. Avec ses cinq employés, elle ne remporte que des petits marchés de moins de 500 dollars. Ce qui ne lui permet pas de s’agrandir. « Si on pouvait décrocher de gros marchés, on aurait ainsi la capacité d’augmenter le nombre d’emplois, insiste Adiel Mikitshi, la directrice. On passerait de 5 à 25 employés. Parce que nous avons des cuisiniers, il y a ceux qui s’occupent du ménage et d’autres servent les clients. »
Cependant, les entreprises congolaises ne parviennent pas à décrocher ces contrats de sous-traitance. Le manque à gagner pour l’État est estimé à 8,5 milliards de dollars. Le directeur général de l’Autorité de régulation de ce secteur, Muguel Katemb, estime n’avoir qu’un seul moyen pour relever le défi : « C’est de faire accéder des sociétés à capitaux majoritairement congolais ou des sociétés éligibles au marché de la sous-traitance. Parce qu’une fois que ces sociétés accèdent au marché, elles sont implantées en RDC, elles vont payer des taxes et créer de l’emploi dans le pays et cela va contribuer au développement économique de la RDC. »
Des réussites dans le secteur minier
Mais tout n’est pas sombre dans le secteur de la sous-traitance. Quelques Congolais ont réussi à décrocher des marchés importants, notamment dans le secteur minier. Seulement leurs capacités financières sont souvent limitées, explique Eric Lwamba, économiste et ancien consultant du gouvernement pour la mise en œuvre de la loi sur la sous-traitance.
« Comme c’est dans les affaires, on ne peut pas vous donner des marchés importants si on n’est pas sûr que vous pouvez mobiliser des garanties qui permettent à ce que si vous ne parvenez pas à fournir les services, vos risques soient réellement couverts », analyse ce spécialise. Dans cette optique, le gouvernement a mis en place le Fonds de garantie des entrepreneurs congolais (Fogec). « La réalité est que ce Fonds n’est pas vraiment opérationnel au sens où il remplit son rôle pour donner des contreparties à ces entreprises pour que le risque soit atténué », précise-t-il.
Malgré ce défi financier, l’ARSP espère tripler le nombre d’entreprises congolaises qui signent des contrats de sous-traitance et ceci notamment dans le secteur minier.