MINERVE : Cheikh Tidiane Dièye, la grosse farce que nous ne voulions pas !
Cheikh Tidiane Dièye a donc retiré sa candidature à la Présidentielle à seulement 4 jours du scrutin. Qui est surpris par cette décision ? Car il se considère lui-même comme un Plan D de Sonko, à l’image du «doyen Habib Sy», parrainé par les élus du parti Pastef. Mais, il a posé cet acte tardivement, ce qui le jette dans ses propres contradictions. Ce retrait va rester comme une marque sur son visage d’homme, intègre, qui s’est toujours battu pour la rationalisation des ressources publiques et pour des principes, sur son image de personnage politique responsable et attaché à l’éthique politique.
Cheikh Tidiane Dièye sait qu’une candidature à la Présidentielle entraîne des frais pour le contribuable. Que fera-t-on des millions de bulletins à son nom, déjà imprimés et acheminés dans les centres de vote ? A la poubelle, bien sûr ! Et les équipes de la Rts qui le suivent depuis le début de la campagne, ainsi que d’autres reporters, l’accompagnant pour qu’il explique son programme et sa vision aux Sénégalais ? Un leurre et du temps perdu ! Toute cette énergie et cet argent dépensés jusqu’ici -sans oublier leur empreinte carbone- ont été anéantis par l’ex-candidat à la Présidentielle. Il savait qu’il n’allait pas rester dans la course jusqu’au bureau de vote. Ce qui donne à sa décision un caractère dramatique. Une farce ! Il aurait dû donc retirer sa candidature après la reprise du processus électoral interrompu le 3 février par le Président Sall.
Mais, cet acte posé par M. Dièye est une manifestation de la mauvaise santé de la démocratie sénégalaise. On a 18 candidats à la Présidentielle, mais ce nombre reflète une autre réalité plus fâcheuse : la dépréciation de la fonction présidentielle, qui aimante tous les profils. Même ceux qui nous avaient vendu d’autres rêves se retrouvent sur le même banc que les vrais «politiciens». En s’engageant en politique à travers la plateforme Avenir/Senegaal bi ñu bëgg, Cheikh Tidiane Dièye nous avait promis de faire la… politique autrement pour donner un autre visage à notre pays. Comme il l’a dit lors de sa conférence de presse d’hier, l’éthique et la responsabilité sont ses viatiques. Cette fois-ci, l’ex-candidat à la Présidentielle a préféré marcher sur ses principes, jouer avec les institutions et jeter l’argent public dans une corbeille. Il ne s’en rend pas compte : sa candidature va rester aussi dans la corbeille de l’histoire. Il n’a ni été empêché ni retiré de la course par le Conseil constitutionnel : il s’est juste désisté pour un autre à 96h du scrutin. Si tout le monde pensait qu’il était un simple faire-valoir, il s’est chargé lui-même de valider cette thèse. Et il dilapide en même temps tout ce qu’il a accompli jusqu’ici grâce à d’autres combats en tant que personnage respecté de la Société civile.
Devenu apprenti destructeur du système, qui l’a nourri, élevé, lui a donné un nom, Habib Sy pourrait être le suivant dans la destruction de candidatures bidon. Cette Présidentielle restera dans les annales de l’histoire à cause des péripéties, couacs et actes mal inspirés qui entourent son organisation et son déroulement.
Par Bocar SAKHO-bsakho@lequotidien.sn