Présidentielle en Algérie: la jeunesse désabusée et sans espoir pour un vrai changement
C’est une présidentielle sans véritable enjeu à laquelle l’Algérie se prépare ce samedi 7 septembre. Le chef de l’État sortant, Abdelmadjid Tebboune, est considéré comme largement favori à sa propre succession. Et la jeunesse algérienne, maltraitée depuis le mouvement du Hirak, est complètement désabusée. Elle ne montre aucun enthousiasme à participer au scrutin et donner à nouveau le pouvoir à celui qui s’inscrit dans la continuité du régime de Bouteflika.
À son arrivée au pouvoir, le président Tebboune décrivait le mouvement de protestation populaire, le Hirak, comme « béni », faisant croire qu’il était, lui aussi, adepte du changement.
Pourtant, dès son installation, l’oppression a repris de plus belle. Les chefs de partis politiques, des syndicalistes, des avocats, des journalistes ou de simples militants pour le changement ont été envoyés en prison. Toute parole libre qui critiquait le pouvoir a été réprimée et l’opposition intimidée. Le pouvoir a bafoué les libertés individuelles, collectives et les droits fondamentaux et l’Algérie vit aujourd’hui dans un processus de répression continu.
L’oppression, sujet absent des débats
Une forme d’autocensure s’est installée chez les Algériens, en raison, notamment, du grand nombre de détenus d’opinion. En l’espace d’un mandat, le président Abdelmadjid Tebboune a mis plus de citoyens en prison que durant la période allant de l’indépendance de l’Algérie à son règne, estime Aïssa Rahmoune, avocat du Hirak et aujourd’hui exilé en France.
Le bilan du président Tebboune, en termes de libertés, est catastrophique. Il a été épinglé à plusieurs reprises par Amnesty International et d’autres ONG en matière de sa politique vis-à-vis des libertés.
Ce thème de l’oppression était pourtant totalement omis durant la campagne électorale. En privé, nombreux d’Algériens qualifient de « guignols » les deux autres candidats à la présidentielle. Youcef Aouchiche et Abdelaali Hassani Cherif ne se sont jamais opposés au climat d’oppression politique qui règne dans le pays. Ces deux candidats ont vaguement promis plus de libertés en cas de victoire.
RFI